Le choix

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-« Comment vous m’avez choisi avec Papa ? »
-«  On ne t’a pas choisi Tom, cela ne se passe pas comme ça. » Il semble déçu. J’explique en essayant d’être claire sans le blesser.
Pour nous, l’idée même de ‘choisir’ en matière d’adoption est inconcevable ; mais lui, il aurait tellement voulu être choisi, être préféré. Forcément, quand vous avez été abandonné une fois, vous voulez ensuite être choisi toujours.

Alors parler de quoi ? De hasard ? De destin ?
Va pour le destin, notre bonne étoile commune en tout cas.
Et pour nous, c’est bien ça : on ne l’a pas choisi, mais c’était forcément lui. Une évidence. L’enfant parfait. Que l’on a aimé dès qu’on a su qu’il existait.

Et ces moments magiques où je l’observe, dormant, et me disant encore et toujours :’ c’est un miracle’. Miracle de la vie. Si facile pour certains, si compliqué pour nous.

Se tourner vers quoi alors pour se construire ? La médecine ? Et s’acharner à réclamer à la nature ce que clairement elle vous refuse ? Pour la contraindre, on la torture, on se torture, on fait la queue pour sa piqûre, son éprouvette. On fait l’amour programmé, on contrôle sa température, on oublie qu’on a du désir. On attend le 28ème jour, on espère 48h, on ravale une nouvelle fois son désir d’enfant…

Alors oui, on a choisi de vivre ça autrement : se résoudre au pire pour passer à un nouveau projet : l’adoption. Reprendre les rennes, être à nouveau aux commandes, refaire l’amour  pour le plaisir…
J’ai pu à nouveau regarder des femmes enceintes sans haine, lécher les vitrines des magasins de puériculture, sourire aux jeunes mamans-super-épanouies avec leurs bébés naissants  en landau… Me réinsérer.
Et on l’a construit, notre famille tant attendue ! Et elle est vivante, remuante, plein de rires et de coups de gueule !

Le miracle de l’adoption : deux souffrances qui se rejoignent pour un nouveau bonheur. L’enfant en mal de parents, les parents en mal d’enfant. Et des plaies à panser, de part et d’autres, tout au long de cette vie commune…
Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a un déséquilibre. L’enfant nous aide à panser nos petites plaies de parents stériles, mais nous ne pourrons jamais vraiment soigner les siennes. Juste accompagner, soulager, aimer, mais vraiment guérir, non.  J’en ai pris conscience au fil de nos discussions, l’amour est indispensable, mais aura ses limites. Et j’ai bien peur de vous voir souffrir sans rien pouvoir vraiment faire.


2 commentaires:

  1. Je découvre votre blog avec bonheur ! Moi qui croyais que la blogosphère adoption était morte je me trompais. Merci pour ces jolis billets. J'aime beaucoup celui-ci sur le choix et vos mots sur les plaies à panser.

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  2. merci pour ce très joli blog.
    Je suis aussi maman adoptive de deux trésors de Chine.
    ma grande (presque 9 ans) a l'air de beaucoup ressembler à votre grand...
    je suis plus que d'accord avec vous sur le déséquilibre et que tout notre amour ne suffira peut être pas à panser leurs blessures.
    Et la grande différence entre les souffrances que nous avons traversées avec nos enfants, est à mon sens, que nous avons choisi de les adopter alors qu'eux ont toujours subi... C'est sans aucun doute à nous de les aider à être acteur de leur nouvelle vie, même s'ils ne l'ont pas choisie et de ne plus la "subir". De faire en sorte que leur blessure d'abandon soit une force (comme l'a été finalement pour nous les parents, ma stérilité).
    Amicalement
    Virginie

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